Parcours Bretteville sur Laize

Et si on parlait de Bretteville-sur-Laize ? Toute une histoire. Ce parcours compte 7 haltes qui vous seront indiquées par un son de clochette qui marquera le début de chacun des commentaires. Bienvenue à Bretteville-sur-Laize, nous allons vous conter l’histoire de notre ville. Vous y rencontrerez Armande, comtesse de Bateste, frère Louis, de l’abbaye de Barbery, Jean, Clotilde, Léon. Chacun d’entre eux parlera de son histoire. Vous partez pour environ 1h de marche à votre rythme, laissez-vous guider. Face au parking où vous êtes stationnée, à l’angle du boulevard des Alliés. Vous apercevez le manoir de Quilly, c’est là que nous débuterons notre promenade. N’oubliez pas, ce lieu est une propriété privée, cependant, vous pourrez y avancer de quelques pas pour faire face à l’allée de hêtre qui le précède. Je suis Armande, comtesse de Bateste, notre famille, de noblesse Normande, fit construire le château de Quilly, au coeur du village du même nom du 16ème jusqu’au 18ème siècle, période à laquelle le village s’est réunis avec celui de Bretteville-sur-Laize. J’aime admirer depuis la fenêtre de mon boudoir donnant sur le parc, cette perspective habitée d’érable, de hêtre et de fresne. Quelle belle saison que l’automne, avec ses couleurs rougeoyantes et mordorées. Un des grands moments de la vie de notre élégant château, justement, est à l’automne, avec le brassage des pommes venant de nos vergers. Dans le grand pressoir, éclairé par des baies oblongues, quantité de pommes étaient broyées pour faire le cidre et l’eau de vie appréciée de tous. Reprenez la direction du parking de l’église de Quilly, puis remontez le chemin qui y conduit pour pouvoir contempler l’édifice.

Je suis frère Louis de l’abbaye de Barbery, en 1181, Henri II roi d'Angleterre et duc de Normandie fit don de cette église à notre abbaye, regardez bien la tour qui est de la partie la plus ancienne, et est de style roman normand, n’est-elle pas magnifique ? A partir de 1957, l’église n’est plus affectée au culte et accueille depuis des expositions, des spectacles,des concerts, belle reconversion culturelle. Reprenons le cours de notre promenade en empruntant le boulevard des Alliés, toujours tout droit, jusqu’au rond-point. Pourquoi des Alliés, me direz-vous. Et bien Bretteville-sur-Laize à payé un lourd tribu lors des combats de la Seconde Guerre Mondiale, la ville a été détruite à 80%. Au lendemain de la guerre, des actions de solidarité ont été entreprises, ici comme dans une dizaine de communes de Normandie, la Suède a manifesté sa solidarité, elle a fait don de 400 chalets en bois, nommée “Les Suédoises”, ses maisons jumelées, merveilleuses de bon goût et de confort disait-on à l’époque, sont toujours là, et de nos jours, des familles y vivent encore.

Je m’appelle Jean et j’ai 13 ans, vers 17h30, ce 10 juin, nous sommes partis chercher des branches à une centaine de mètres de chez nous pour couvrir une tranchée qui a été creusée à proximité de notre maison, rue des granges. Ma grand-mère était en train de faire de la soupe, nous avons vu 2 ou 3 avions lâcher des bombes, nous avons alors tout laissé, mis nos bérets sur le nez pour couvrir les odeurs et nous nous sommes précipités avec ma grand-mère dans la tranchée pour nous protéger. Je ne sais plus combien de temps nous sommes restés, au moins jusqu’au lendemain. Tout était pratiquement détruit dans le bourg, notamment la belle église du 13ème siècle. Notre maison était également en ruine. Je pense que l’aviation d’Alliés visait le château de la Bijude, où il y avait la kommandantur, mais à ce moment-là, il n’y avait plus d’Allemands dans la commune. Après les bombardements, nous sommes partis nous réfugier dans la mine d’Urville, nous y avons passer au moins un mois avant d’être expulsés par les Allemands, nous sommes revenus en août, une fois Bretteville libérée, j’ai alors habité au château de la Chesnaie, rue de la Criquetière, pendant quelques temps avant d’aller vivre dans les baraquements, route de Gouvix. Nous n’avons retrouvé notre maison qu’au début des années 50 reconstruite au même endroit. Au rond-point, continuez tout droit sur 200m en direction de Gouvix, avant la sortie du village, se trouve le grand moulin sur votre droite.

Je suis le grand moulin, ma roue a eau a brassé pendant plus de 3 siècles l’eau de la Laize, alors c’est sûr, j’ai plusieurs vies, après avoir moulu du blé, de l’huile, j’ai achevé ma carrière comme moulin à tan, ah ses tanneries, elles ont fait l'essor de la vallée de la Laize pendant plus de 30 ans et illustrent la richesse patrimoniale de la région. Retournez sur vos pas jusqu’au rond-point où vous empruntez maintenant la rue des Canadiens, en direction du bourg, lorsque vous arriverez à hauteur de la pharmacie, tournez à gauche dans la ruelle qui vous amènera au pont, avancez jusqu’au parking de l’église, face au château, vous êtes proche du coeur de ville, animé par ces nombreux commerces et son marché du jeudi matin.

Je suis Clotilde, ma grand-mère travaillait pour Mr Harelde de Bretteville, elle en a vue des belles réceptions au château, elle m’a un jour raconté que dans le parc se trouvait un jardin des eaux magnifique, il suivait le cour de la rivière, composé d’îles, de passerelles et de bosquets, créant des ambiances fascinantes que j’aurais aimé le découvrire un jour.

Maintenant, retournez-vous et vous ferez face à l’église qui est un exemple d’architecture de la reconstruction. Entrez dans l’église pour découvrir ses vitraux aux couleurs contrastantes qui donnent à ce monument une coloration exceptionnelle, rappelant les teintes de la plaine environnante, allusion au monde céréaliers très présent sur le territoire.

Retournez sur vos pas, en direction du bourg, traversez la place de la mairie et empruntez le raidillon derrière la poste pour retourner sur le boulevard des Alliés, point de départ sur votre gauche. Vous entendez ? Non, vous ne rêvez pas, c’est bien un tramway. Entre 1902 et 1932, ce petit train transportait des voyageurs de Caen à Falaise, ainsi que du minerais, du bois et des pierres. Quelques tranchées creusées à Quilly recouvertes aujourd’hui de végétation, les murs de soutènement, et une gare au hameau de Caillouet, témoignent de cette grande époque, Léon s’en souvient. Il y avait une gare, une grande halle sur la place du village, le tramway faisait beaucoup de bruit, enfumait la commune et incommodait certains habitants, il y a même eu des pétitions pour se plaindre du trafic. Mais Bretteville-sur-Laize était un axe important, reliant Caen à Falaise et comptait de nombreux commerces, ma tante tenait alors une des boulangerie, on y trouvait le meilleur chausson au pommes de la région ! Vous pouvez maintenant reprendre le boulevard des Alliés pour retourner à votre point de départ. Nous espérons que vous avez apprécié ce voyage au cœur des différentes époques qui ont fait de notre village, ce qu’il est aujourd’hui. Nous vous rappelons que la collection “Et si on parlait de…” compte 7 parcours avec différentes thématiques concernant les villes et villages de Bretteville-sur-Laize, Saint-Rémy sur Orne, Clécy, Thury Harcourt et la Pommeraye avec son site emblématique de Château Ganne.